ENTRETIEN AVEC PAULINE SALES,
l’autrice et metteuse en scène des Femmes de la maison, autour de son travail d’écriture et de mise en scène.
Par Samuel Gallet
samuel gallet Qu’est-ce que mettre en scène tes propres textes te permet ?
pauline sales Travailler des textes que je ne donnerais pas en l’état à un metteur en scène parce qu’il les trouverait sans doute, et peut-être à juste titre, mal fichus. Cela me permet d’assumer cette espèce de fabrication qui peut, de temps en temps, sembler hasardeuse en ayant la sensation que je saurais y répondre grâce à l’équipe dont je m’entoure et en laquelle j’ai entièrement confiance. Sur En travaux, la narration était construite entre flashbacks, présent, et sauts dans le futur, un metteur en scène aurait pu me dire que c’était confus, brouillon, mais j’avais besoin d’expérimenter cela avec les acteurs. Pour Les Femmes de la maison, la multiplicité des personnages joués par les mêmes actrices et la narration assez complexe sont des enjeux qu’on aura traiter avec l’équipe, approfondir, enrichir et expérimenter. (...)
BÉNÉDICTE CERUTTI
SEULE SUR UN FIL
par Pascal Bertin
Avec Girls and Boys, récit d’une survivante d’un drame humain, la comédienne réalise un tour de force. L’accomplissement d’une carrière construite sur les rencontres et un registre d’une grande diversité. Par ses études, c’est à l’architecture qu’elle se destinait. Au final, c’est le théâtre qu’elle a choisi. Plus précisément, c’est le théâtre qui a choisi Bénédicte Cerutti, et qui depuis, ne la lâche plus, comme en témoigne le vaste répertoire qu’elle a bâti ces quinze dernières années. De Tchékhov à Valérie Mréjen, de Shakespeare à Marguerite Duras, d’August Strindberg à J.G. Ballard, sa carrière embrasse autant les classiques que les contemporains. Et gravit une nouvelle marche avec son tour de force en solitaire dans la nouvelle mise en scène de Girls and Boys de Dennis Kelly, scellant une troisième collaboration avec Chloé Dabert après L’Abattage rituel de Gorge Mastromas en 2017 au Théâtre du Rond-Point, puis Iphigénie l’année suivante au Festival d’Avignon. Soit un rôle plein d’humour suivi d’une tragédie, deux opposés aujourd’hui réunis dans ce monologue bluffant. (...)
POURQUOI – VOIR, LIRE, ÉCOUTER, METTRE EN SCÈNE… PHÈDRE
Par Chloé Brugnon
à Maxime Kerzanet
Maxime,
J’ai bien réfléchi à ta proposition de travailler sur Phèdre. Ce n’est pas vraiment dans la « ligne » artistique de la compagnie, tu le sais. Quand je l’ai créée je m’étais même promis de ne monter que des textes contemporains. Je pensais que le théâtre, et d’autant plus le théâtre public, devait être l’espace dela découverte, de l’expérience, de la prise de risque, et je ne voyais pas très bien sous couvert de quel risque, de quelle découverte ou de quelle sorte d’expérience audacieuse on se décide à monter Molière, Corneille,Shakespeare, ni même Tchekhov. Et puis à celas’ajoutait mon désaccord profond avec l’idée que les « textes classiques » parlent de nous, un argument que j’entendais souvent. Quand on me disait « finalement Molière est très moderne », ou bien « Racine pose des questions qui nous sont en fait contemporaines », cela me semblait non seulement malhonnête, mais aussi un peu cynique. Cela partait mal.
Mais c’était sans compter sur le dialogue qui nous lie. Ma peur peut-être que tu ne t’adresses à quelqu’un d’autre, et ma prise de conscience pendant la création de On voudrait revivre, que sur un plateau de théâtre l’acteur est lui aussi un auteur. Ce n’est pas Racine qui est « actuel », c’est l’acteur qui le joue. Ce ne sont pas les questions qu’il pose qui nous parlent de nous, mais celles que l’acteur se pose à travers lui. À partir de là, cela prend une tournure différente. Il ne s’agit plus de monter Phèdre de Racine, il s’agit de monter Phèdre de Racine d’après Maxime Kerzanet. (...)
Nos artistes associé.es
Par Pascal Bertin
"Christophe Honoré
Difficile d’avoir plus de cordes à son arc que Christophe Honoré. Réalisateur, scénariste et critique de cinéma, metteur en scène de théâtre et d’opéra, romancier, auteur de littérature jeunesse et dramaturge… En dépit de son insatiabilité (à ne pas confondre avec instabilité), Christophe Honoré fait preuve d’une parfaite cohérence dans toutes les disciplines qu’il investit depuis plus d’une vingtaine d’années. Après avoir lui-même écrit neuf pièces et mis en scène une dizaine de pièces et d’opéras – Witold Gombrowicz, Victor Hugo, Puccini, Debussy, Mozart, Verdi… – il revient avec Dear Prudence à ses premières amours, mais cette fois sans chansons, pas même celle homonyme des Beatles. La pièce se glisse une nouvelle fois dans l’espace intime des liens humains qu’il a régulièrement disséqués tout au long de son oeuvre, qu’il s’agisse du rapport au père, à sa propre identité, à l’amour ou à la mort. (...)"
"Marie Rémond
Comédienne, metteuse en scène et autrice : depuis la classe libre du cours Florent suivie de trois années à l’École du Théâtre National de Strasbourg, dont elle sort en 2007, ses passions s’entremêlent en toute liberté autour de ces trois pratiques artistiques. Son répertoire de comédienne s’accorde à tous les registres, toutes les époques. Marie Rémond a joué dans une quinzaine de spectacles et a obtenu le Molière de la révélation féminine 2015 pour son rôle dans Yvonne, princesse de Bourgogne mis en scène par Jacques Vincey.
Parallèlement, à travers ses propres histoires, Marie Rémond emprunte des chemins de traverse, interroge le monde, touchée par des figures insaisissables d’êtres hypersensibles en proie à leur « chaos intérieur ». L’obsession des quêtes identitaires et des gouffres existentiels, c’est bien là la thématique commune d’André, d’après l’autobiographie Open d’André Agassi, puis de Vers Wanda (La Colline, 2013), autour de la figure de Barbara Loden, et d’une étude de Greil Marcus sur Bob Dylan dans Comme une pierre qui… (...)"