Honoré a écrit un roman sur la peur, le doute, le poids de la société sur nos désirs. A la dernière phrase, une possibilité d'ouverture se fait jour. C'est cette pulsion de vie qui m'a donné envie d'en faire du théâtre.

C'est l'excellent Thomas Blanchard qui campera le double de Christophe Honoré dans l'adaptation de Ton Père, autoportrait bouleversant de l'auteur narrant son adolescence bretonne, sa découverte du désir, la constitution de ses premières idoles et questionnant sa place de père homosexuel. Un spectacle mis en scène par Thomas Quillardet, construit sous la forme d'un puzzle introspectif.

La mise en scène de Thomas Quillardet se veut intime et reclue : les spectateurs sont installés au gré d’un dispositif quadrifrontal qui les immerge totalement dans l’intrigue se jouant juste là, sous leurs yeux. À la fois enquête policière et enquête personnelle, la pièce cherche à découvrir qui harcèle ce père sans histoire, mais aussi quelles sont les raisons de cette violence qui échappe à toute valeur éthique, à tout altruisme moral. « Ton père » est un plongeon dans la solitude cosmique qui enveloppe quiconque est en prise avec les paradoxes de la société qui se dit si ouverte, mais qui, en fait, ne tourne que sur elle-même et sur son communautarisme destructeur, tandis que l’amour et la bienveillance d’un père, peu importe son orientation sexuelle, pour son enfant sont censés échapper au jugement d’autrui et aux images, trop souvent erronées, qui traversent les fantasmes des esprits les plus étriqués.