Par Joris Mathieu
du 18 mars au 04 avril 2026
À partir d’un corpus de textes d’E.T.A. Hoffmann et d’extraits de films et écrits d’Andreï Tarkovski
E.T.A. Hoffmann et Andreï Tarkovski n’ont pas vécu le même siècle, et pourtant il semblerait que leur rencontre ait bel et bien eu lieu. Ou en tout cas, on peut l’imaginer grâce à l’existence d’un scénario, que Tarkovski a écrit mais qu’il n’a jamais réalisé, dans lequel il place le personnage d’Hoffmann au cœur de sa fiction.
Cette rencontre entre les mondes littéraires hoffmanniens et les univers cinématographiques de Tarkovski, sera le point de départ de notre chantier de travail. Nos matériaux seront des fragments de textes issus des contes et nouvelles fantastiques d’E.T.A. Hoffmann, des situations ou des images empruntées à la filmographie de Tarkovski, ainsi que des notes et propos attribués aux deux auteurs.
Nous nous amuserons à vivre cette exploration comme une enquête, qui nous mènera en territoires fantastiques, là où le réel ne peut plus être perçu comme une frontière infranchissable, ni comme une évidence incontournable. Nous nous laisserons guider par notre subjectivité, pour inventer des points de convergences entre les imaginaires de ces deux auteurs. Nous reconstituerons un récit en nous appuyant sur des logiques de mash-up. Nous assemblerons ainsi des scènes et des situations dont la cohérence narrative sera plausible en apparence alors qu’elle ne reposera pourtant que sur des associations d’idées et des textes aux origines diverses. Nous nous confronterons également à l’hypothèse que l’histoire puisse s’écrire - et se jouer - dans une forme plus instable, où une même situation pourra devenir le support d’une diversité de narrations possibles, qui chacune changeront radicalement l’interprétation d’une même « image » scénique.
Nous mettrons en scène la percussion entre la vision romantique d’Hoffmann et celle plus transcendantale de Tarkovski. Le premier postule que les humains peuvent basculer dans ce que l’on nomme « folie » parce qu’ils ne peuvent se résoudre à accepter que leur « idéal » ne soit pas « réalité ». Le second questionne notre capacité à savoir apprécier le réel pour ce qu’il est, c’est-à-dire une première image qui en dissimule une autre, douée de davantage de profondeur, dès lors qu’on en saisit la dimension poétique ou au contraire ses aspérités les plus rugueuses. Ainsi, derrière cette recherche, en mettant en jeu corps, textes dialogués et narration, nous viendrons fondamentalement questionner cette notion d’un « réel » supposé objectivable, lorsqu’il se confronte à des glissements interprétatifs.
– Joris Mathieu
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